La Fille du temps

La Fille du temps
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Auteur Josephine Tey
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Roman policier
Version originale
Langue Anglais britannique
Titre The Daughter of Time
Éditeur Peter Davies
Lieu de parution Londres
Date de parution 1951
Version française
Traducteur Michel Duchein
Éditeur Éditions Julliard
Collection P.J. no 2
Lieu de parution Paris
Date de parution 1969
Nombre de pages 253
Série Alan Grant
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La Fille du tempsThe Daughter of Time dans l'édition originale britannique — est un roman policier britannique de Josephine Tey publié en 1951. C'est le 5e roman de la série mettant en scène le personnage de l'inspecteur Alan Grant.

Le titre « La Fille du temps » est une référence à un proverbe anglais, rappelé par une exergue en début de roman : « La vérité est la fille du temps ».

Distinctions

La Fille du temps est classé n°1 au classement de la liste des Cent meilleurs romans policiers de tous les temps établie par la Crime Writers' Association en 1990.

Le roman occupe également la 4e place au classement américain des Cent meilleurs livres policiers établi en 1995 par l'association des Mystery Writers of America.

Il est classé 44e au Tozai Mystery Best 100.

En 2012, Peter Hitchens renchérit en affirmant que La Fille du temps est « l'un des plus importants romans jamais écrits »[1].

Le critique américain Anthony Boucher considère ce roman comme « l'un des classiques du roman policier.... l'un des meilleurs, non seulement de l'année, mais de tous les temps ». Dorothy B. Hughes abonde dans ce sens et ajoute « qu'il est l'un des plus importants romans policiers de l'histoire du genre »[2].

Le roman aura été suffisamment populaire pour que Winston Churchill ait tenu à réaffirmer la culpabilité de Richard III dans son ouvrage A History of the English-Speaking Peoples : « Il faudra encore de nombreux livres ingénieusement écrits pour élever la question à la dignité d'une controverse historique[3] ».

Résumé

Cloué au lit après une chute, Alan Grant, inspecteur à Scotland Yard, ne sait que faire pour tromper son ennui. Marta Hallard, une amie comédienne, lui propose de compléter ses connaissances historiques. Elle lui apporte des portraits de plusieurs grands personnages du passé dont l'existence a été entachée d'une part d’ombre. Grant croit déceler dans l’un des visages un homme responsable et intègre. Son amie lui révèle qu’il s’agit de Richard III, accusé des pires atrocités pour parvenir à s'installer sur le trône d’Angleterre. Grant est pourtant convaincu du contraire, car il compte de longues années consacrées à l'étude de la physionomie des criminels auxquels il a été quotidiennement confronté. Il décide donc de mener une enquête dans le passé concernant l’assassinat des neveux de Richard III (les enfants du roi Édouard IV) lors de ce qui a été appelée l’Affaire des Princes de la Tour.

Depuis son lit d'hôpital, il entreprend donc une « enquête de canapé » avec l’aide d'un Américain, Brent Carradine, venu faire des recherches historiques en Angleterre. Alan Grant commence par lire les livres de classe afin de connaître le contenu du règne de Richard III tel qu'on l'enseigne aux petits Anglais. Puis il étudie des monographies, des essais historiques et même des romans historiques. Il demande à Carradine de ne se préoccuper que des faits tangibles et non des assertions fantaisistes ou orientées.

Peu à peu, il découvre que les sources sont laconiques, fragmentaires et particulièrement partiales. Plusieurs d'entre elles ont sans doute été falsifiées, et d'autres ont été écrites par des ennemis déclarés de Richard III, notamment John Morton. Et peu à peu, il se fait une idée différente des événements tels qu'ils ont dû se passer, allant à l’encontre de leur « version officielle ».

Résolution de l'énigme des Princes de la Tour selon Alan Grant

L'historiographie présente Richard III comme étant le principal suspect dans la disparition des deux enfants. Or ce dernier avait d'« excellents antécédents » et avait une bonne réputation tant en ce qui concerne sa vie sociale et militaire que sa vie privée. Son action était toujours menée selon le bon sens et le pragmatisme. Il n'avait rien à gagner à la disparition des enfants, puisqu'il y a avait neuf autres héritiers de la dynastie d'York, dont trois enfants mâles, aptes à revendiquer le Trône. Il n'a montré aucune crainte des autres héritiers de la maison York et avait pourvu généreusement à leur entretien financier. Aucune accusation de meurtre des enfants n'avait été portée à l'époque à son encontre, y compris par des ennemis déclarés. La mère des deux enfants était restée en très bons termes avec lui jusqu'à sa mort. Ses droits à la Couronne étaient inattaquables et avaient été validés par le Parlement. Le seul « obstacle » éventuel au Trône était Warwick, le fils de George de Clarence, mais il l'a proclamé son héritier quand son propre fils est décédé. En définitive, on ne comprend pas pourquoi Richard aurait fait commettre un double assassinat particulièrement sordide, et inutile sur le plan politique.

Or un autre « suspect » dans la mort des enfants se dégage de manière évidente : Henri VII, successeur de Richard III. C'était un aventurier, vivant dans les cours étrangères, soutenu financièrement par les Français, fils d'une mère ambitieuse et intrigante. Il est connu pour être hypocrite et retors. La vie des deux enfants était un grave danger pour lui puisqu'ils étaient les héritiers présomptifs du Trône. Par ailleurs, dans l’acte d'accusation établi contre Richard III, ce dernier était accusé de « tyrannie » sans que le meurtre des enfants soit mentionné. On peut en déduire que tout le monde savait à l'époque que les enfants étaient vivants du temps du règne de Richard.

En définitive, l'histoire étant écrite par les vainqueurs, tout laisse à penser que Richard III a été calomnié par les historiens qui ont relaté son prétendu crime afin de salir le prédécesseur d'Henri VII. Tous les historiens ou historiographes ont été récompensés par ce dernier, ainsi que le dénommé Tyrrel qui, environ 20 ans après les faits, avait déclaré avoir tué les enfants sur ordre de Richard III et qui avait reçu peu après un poste très important dans l’administration d'Henri VII en guise de récompense de son mensonge.

Brent Carradine indique alors à Alan qu'il va rédiger un ouvrage pour réhabiliter Richard III.

 

Éditions

Édition originale en anglais
  • (en) Josephine Tey, The Daughter of Time, Londres, Peter Davies, — Édition britannique
Éditions françaises
  • (fr) Josephine Tey (auteur) et Michel Duchein (traducteur), La Fille du temps [« The Daughter of Time »], Paris, Éditions Julliard, coll. « P.J. (Police judiciaire) no 2 », , 253 p. (BNF 33190808)
  • (fr) Josephine Tey (auteur) et Michel Duchein (traducteur) (trad. de l'anglais), La Fille du temps [« The Daughter of Time »], Paris, Union générale d'éditions, coll. « 10/18, série Grands Détectives no 1559 », , 252 p. (ISBN 2-264-00501-7, BNF 34714072)
    Cette dernière édition a été rééditée dans la même collection en 2003 et 2014.

Notes et références

  1. [1] Blog de Peter Hitchens sur le site du mailonsunday.co.uk.
  2. Roseman, Mill, Detectionary. New York: Overlook Press, 1971. (ISBN 0-87951-041-2)
  3. « It will take many ingenious books to raise the issue to the dignity of a historical controversy. » Churchill, History of the English-Speaking Peoples, vol 1, p. 486

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Portrait de Richard III d'Angleterre
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