Nombre normal

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Pour l’article homonyme, voir Nombre normal (informatique) (en), c.-à-d. nombre qui est dans un intervalle normal de format en virgule flottante.

En mathématiques, un nombre normal en base 10 est un nombre réel tel que dans la suite de ses décimales, toute suite finie de décimales consécutives (ou séquence, ou encore plage) apparaît avec la même fréquence limite que n'importe laquelle des séquences de même longueur[1]. Par exemple, la séquence 1789 y apparaît avec une fréquence limite 1/10 000. Émile Borel les a ainsi nommés lors de sa démonstration du fait que presque tout réel possède cette propriété.

Définitions

Notons A = { 0 , , b 1 } {\displaystyle A=\{0,\dots ,b-1\}} l'ensemble des chiffres en base b {\displaystyle b} , et soit x {\displaystyle x} un nombre réel. Si s {\displaystyle s} est une suite finie d'éléments de A {\displaystyle A} , notons N ( s , n ) {\displaystyle N(s,n)} le nombre d'apparitions de la suite s {\displaystyle s} parmi les n {\displaystyle n} premiers chiffres après la virgule du développement propre de x {\displaystyle x} en base b {\displaystyle b} . Le nombre x {\displaystyle x} est dit :

  • simplement normal (ou parfois équiréparti[2]) en base b {\displaystyle b} si
    a A lim n N ( ( a ) , n ) n = 1 b {\displaystyle \forall a\in A\quad \lim _{n\to \infty }{\frac {N((a),n)}{n}}={\frac {1}{b}}} [1],[3] ;
  • normal en base b {\displaystyle b} s'il est simplement normal en base b k {\displaystyle b^{k}} pour tout entier k > 0 {\displaystyle k>0} [4], ce qui équivaut à :
    k 1 s A k {\displaystyle \forall k\geqslant 1\quad \forall s\in A^{k}} [5] lim n N ( s , n ) n = 1 b k {\displaystyle \quad \lim _{n\to \infty }{\frac {N(s,n)}{n}}={\frac {1}{b^{k}}}} [6] ;
  • normal (ou quelquefois absolument normal) s'il est normal dans toute base, ce qui équivaut à : simplement normal dans toute base.

Théorème des nombres normaux

Le concept de nombre normal a été introduit par Émile Borel en 1909[7]. En utilisant le lemme de Borel-Cantelli, il démontre le « théorème des nombres normaux » : presque tous les nombres réels sont absolument normaux, dans le sens où l'ensemble des nombres non absolument normaux est de mesure nulle (pour la mesure de Lebesgue).

Théorème — Dans R {\displaystyle \mathbb {R} } , presque tout nombre (au sens de la mesure de Lebesgue) est absolument normal.

Démonstration

En utilisant que toute réunion dénombrable d'ensembles négligeables est négligeable, on se ramène facilement[8] à démontrer que dans une base b fixée, presque tout élément de Ω = [ 0 , 1 [ {\displaystyle \Omega =\left[0,1\right[} est simplement normal.

Notons alors A = { 0 , , b 1 } {\displaystyle A=\{0,\dots ,b-1\}} . Tout élément ω de Ω {\displaystyle \Omega } possède un unique développement propre en base b : il existe une unique écriture de ω sous la forme :

ω = n = 1 ε n ( ω ) b n {\displaystyle \omega =\sum _{n=1}^{\infty }{\frac {\varepsilon _{n}(\omega )}{b^{n}}}}

telle que, pour tout n, ε n ( ω ) A , {\displaystyle \varepsilon _{n}(\omega )\in A,} et tel que la suite ( ε n ( ω ) ) n 1 {\displaystyle \left(\varepsilon _{n}(\omega )\right)_{n\geq 1}} ne se termine pas par une suite infinie de chiffres b – 1.

On se donne un chiffre aA et l'on s'intéresse à la fréquence d'apparition de ce chiffre dans la suite des n premiers chiffres du développement de ω en base b.

On se place sur l'espace probabilisé ( Ω , A , P ) , {\displaystyle \left(\Omega ,{\mathcal {A}},\mathbb {P} \right),} A {\displaystyle {\mathcal {A}}} désigne la tribu borélienne de Ω {\displaystyle \Omega } et où P {\displaystyle \mathbb {P} } est la mesure de Lebesgue restreinte à A {\displaystyle {\mathcal {A}}} . Alors, sous P {\displaystyle \mathbb {P} } , la famille ( ε n ) n 1 {\displaystyle \left(\varepsilon _{n}\right)_{n\geqslant 1}} est une famille de variables aléatoires uniformes sur A et indépendantes, c'est-à-dire que, pour toute partie finie B de ℕ

P ( i B ε i = m i ) = b card B . {\displaystyle \mathbb {P} \left(\forall i\in B\quad \varepsilon _{i}=m_{i}\right)=b^{-{\text{card}}B}.}

Les variables aléatoires

X j = 1 ε j = a {\displaystyle X_{j}=1_{\varepsilon _{j}=a}}

sont des variables de Bernoulli indépendantes de paramètre 1/b et, en vertu de la loi forte des grands nombres, la fréquence d'apparition de a dans la suite des n premiers chiffres du développement de ω :

F a ( n , ω ) = X 1 ( ω ) + . . . + X n ( ω ) n {\displaystyle F_{a}(n,\omega )={\frac {X_{1}(\omega )+...+X_{n}(\omega )}{n}}}

vérifie :

F a ( n ) p . s . E [ X 1 ] = 1 b . {\displaystyle F_{a}(n){\underset {p.s.}{\longrightarrow }}E[X_{1}]={\frac {1}{b}}.}

On conclut en utilisant qu'une réunion de b ensembles négligeables — correspondant chacun à un chiffre a — est négligeable.

Propriétés et exemples

  • Un nombre rationnel (donc de développement périodique en toute base) est simplement normal en base b {\displaystyle b} si et seulement si la longueur p {\displaystyle p} de sa période dans cette base est un multiple de b {\displaystyle b} et chaque chiffre de 0 à b 1 {\displaystyle b-1} apparaît p / b {\displaystyle p/b} fois dans cette période[2]. Il n'est donc jamais normal en base b {\displaystyle b} . Par exemple, le rationnel 137174210 1111111111 {\displaystyle {\frac {137174210}{1111111111}}} , dont le développement décimal s'écrit 0 , 12345678901234567890... {\displaystyle 0,12345678901234567890...} , est simplement normal en base dix[2] mais pas en base cent.
  • Un nombre x {\displaystyle x} est normal en base b {\displaystyle b} si et seulement si la suite ( b k x ) k {\displaystyle \left(b^{k}x\right)_{k}} est équidistribuée modulo 1[9], ce qui, d'après le critère de Weyl, équivaut à :
lim 1 n k = 0 n 1 e 2 π i m b k x = 0 {\displaystyle \lim {\frac {1}{n}}\sum _{k=0}^{n-1}\mathrm {e} ^{2\pi \mathrm {i} mb^{k}x}=0} pour tout entier m 1 {\displaystyle m\geqslant 1} .
  • Le produit d'un nombre normal en base b {\displaystyle b} par un rationnel non nul est normal en base b {\displaystyle b} [10].
  • L'ensemble des nombres simplement normaux en base b {\displaystyle b} est maigre[11]. A fortiori, l'ensemble des nombres normaux en base b {\displaystyle b} est maigre (alors que le sur-ensemble des nombres univers en base b {\displaystyle b} est comaigre).
  • Le nombre de Champernowne 0,123 456 789 10 11 12 13 14 15 16 17 {\displaystyle 0{,}123\,456\,789\,10\,11\,12\,13\,14\,15\,16\,17\cdots } , dont le développement décimal est formé par la concaténation de tous les nombres naturels, est normal en base dix[12], de même que celui de Copeland-Erdős 0,235 7 11 13 17 19 23 29 31 37 41 {\displaystyle 0{,}2357\,11\,13\,17\,19\,23\,29\,31\,37\,41\cdots } , obtenu en concaténant les nombres premiers[13], mais il n'est pas démontré qu'ils le soient dans d'autres bases.
  • Un nombre peut en effet être normal dans une base mais pas dans une autre ; par exemple
α = m = 1 1 3 m 2 3 m {\displaystyle \alpha =\sum _{m=1}^{\infty }{\frac {1}{3^{m}2^{3^{m}}}}}
est normal en base 2[14] mais pas en base 6[15]. Plus généralement, pour deux bases b {\displaystyle b} et c {\displaystyle c} dans { 2 , 3 , 4 , . . . } {\displaystyle \{2,3,4,...\}} , les nombres normaux sont les mêmes si et seulement si les entiers b {\displaystyle b} et c {\displaystyle c} sont « équivalents » au sens « puissance rationnelle l'un de l'autre »[16], tandis que si deux parties complémentaires R {\displaystyle R} et S {\displaystyle S} de { 2 , 3 , 4 , . . . } {\displaystyle \{2,3,4,...\}} sont fermées pour cette relation d'équivalence, alors l'ensemble des nombres qui sont normaux dans toute base de R {\displaystyle R} et anormaux dans toute base de S {\displaystyle S} a la puissance du continu[17].
En particulier (cas S = {\displaystyle S=\varnothing } ) l'ensemble des nombres normaux a la puissance du continu (ce qui se déduisait déjà du théorème de Borel), de même que (cas R = {\displaystyle R=\varnothing } ) l'ensemble des réels qui ne sont normaux dans aucune base (ce qui se déduisait déjà du fait qu'il est comaigre).
  • Le théorème des nombres normaux établit l'existence des nombres normaux, mais n'en construit explicitement aucun. Cependant, Henri Lebesgue et Wacław Sierpiński[18] ont, indépendamment, repris la démonstration de Borel et l'ont exprimée sous une « forme constructive[1] » qui permet de définir explicitement un nombre normal, mais peut-être non calculable[1]. Il existe beaucoup de nombres normaux non calculables (par exemple tous les réels au développement numérique aléatoire, comme la constante de Chaitin Ω), mais il existe aussi des nombres normaux calculables[19].
  • Il est extrêmement difficile de démontrer la normalité de nombres pourtant simples. Par exemple, on ne sait pas si 2, π, ln(2) ou e sont normaux (mais des expériences numériques font conjecturer qu'ils le sont[20]). On ne sait même pas démontrer qu'un chiffre donné apparaît une infinité de fois dans le développement décimal de ces constantes (une propriété analogue, mais bien plus faible, que celle d’être un nombre univers). Émile Borel a conjecturé en 1950[21] que tout irrationnel algébrique est normal ; on ne connaît pas de contre-exemple, mais on ne connaît même pas non plus de nombre algébrique qui soit normal dans une base.
  • Un algorithme presque linéaire qui génère le développement binaire d'un nombre absolument normal x est donné par Jack H. Lutz et Elvira Mayordomo[22], le n-ième bit de x étant calculé après n polylog(n) étapes de calcul. Cette vitesse est obtenue en calculant et en diagonalisant simultanément contre une martingale qui incorpore les algorithmes d'analyse de Lempel-Ziv dans toutes les bases.

Nombres normaux et automates finis

Des liens existent entre nombres normaux et automates finis. Ainsi, on a

Théorème — Un nombre réel est normal dans une certaine base entière si et seulement si son développement dans cette base est incompressible par un automate de compression sans perte[23].

Dans ce contexte, un automate de compression sans perte est un automate déterministe avec sorties (donc un transducteur fonctionnel) injectif.

Un corollaire est le théorème suivant, dû à V. N. Agafonov et datant de 1968 :

Théorème d'Agafonov[24],[25] — Une suite infinie sur l'alphabet binaire A est normale sur A (si et) seulement si toute sous-suite sélectionnée par un automate fini est elle-même normale sur A {\displaystyle A} .

Ce théorème a été redémontré indépendamment vingt ans plus tard[26], puis généralisé en 1992 à des alphabets arbitraires[27],[23].

Voir aussi

  • Nombre univers (possédant la propriété plus faible que toute séquence apparait dans la suite des décimales, sans imposer l'équipartition).

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Normal number » (voir la liste des auteurs).
  1. a b c et d Jean-Paul Delahaye, « Être normal ? Pas si facile ! », Pour la science, no 422,‎ , p. 126-131 (lire en ligne).
  2. a b et c J.-P. Marco et L. Lazzarini, Mathématiques L1, Pearson, (lire en ligne), p. 634 (présenté seulement pour la base dix).
  3. É. Borel, « Les probabilités dénombrables et leurs applications arithmétiques », Rend. Circ. Mat. Palermo, vol. 27,‎ , p. 247-271 (p. 260).
  4. Borel 1909 (repris dans Hardy et Wright, § 9.12) exigeait de plus que bx, b2x, b3xetc. soient simplement normaux en base bk (on peut évidemment arrêter le « etc. » à bk–1x), mais cette condition était redondante, comme l'a démontré (en) S. S. Pillai, « On normal numbers », Proc. Indian Acad. Sci. A, vol. 12,‎ , p. 179-184 (lire en ligne), pour répondre à une objection d'un reviewer sur sa preuve simple du théorème de Champernowne. Cette preuve venait démentir le commentaire de Hardy et Wright sur ce théorème : « the proof […] is more troublesome than might be expected. » (dernière phrase du chap. 9).
  5. Ak est l'ensemble des suites de longueur k d'éléments de A.
  6. C'est cette définition, désormais classique, qui est choisie par Niven 1956, p. 95 et reprise par Hervé Queffélec et Claude Zuily, Analyse pour l'agrégation, Dunod, , 4e éd. (lire en ligne), p. 550. Niven 1956, p. 104-110, démontre en effet qu'elle s'intercale dans l'implication démontrée par Pillai entre sa définition allégée et celle de Borel (cf. note précédente).
  7. Borel 1909.
  8. Même (cf. Niven 1956, p. 103-104 ou Hardy et Wright Hardy et Wright, début du § 9.13) avec la définition redondante de Borel, selon laquelle un réel x est normal si pour toute base b et tous j ≥ 0 et k ≥ 1, le nombre bjx est simplement normal en base bk.
  9. Niven 1956, p. 110, th. 8.15.
  10. (en) D. D. Wall, Normal Numbers, UC Berkeley, coll. « Ph.D. thesis », .
  11. Le résultat de Tibor Šalát (en) (1966), plus précis, est énoncé p. 233 de Martine Queffélec, « Old and new results on normality », dans Dee Denteneer, Frank den Hollander et Evgeny Verbitskiy, Dynamics & Stochastics: Festschrift in Honour of M. S. Keane, IMS, (lire en ligne), p. 225-236.
  12. Kuipers et Niederreiter 2012, p. 8 et 75 ; Niven 1956, p. 112-115 ; plus généralement, si f est un polynôme qui envoie tout entier > 0 sur un entier > 0, alors le réel formé (en base dix par exemple) en concaténant les entiers f(1), f(2), … est normal dans cette base : (en) H. Davenport et P. Erdős, « Note on normal decimals », Canadian J. Math., vol. 4,‎ , p. 58-63 (lire en ligne).
  13. (en) Arthur H. Copeland et Paul Erdős, « Note on normal numbers », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 52,‎ , p. 857-860 (lire en ligne) ; cet article démontre que ce résultat est vrai pour toute suite d'entiers suffisamment dense.
  14. (en) David H. Bailey et Michał Misiurewicz, « A strong hot spot theorem », Proc. Amer. Math. Soc., vol. 134,‎ , p. 2495-2501.
  15. (en) D. H. Bailey, « A non-normality result », .
  16. (en) Wolfgang M. Schmidt, « On normal numbers », Pacific J. Math., vol. 10,‎ , p. 661-672 (lire en ligne).
  17. (de) Wolfgang M. Schmidt, « Über die Normalität von Zahlen zu verschiedenen Basen », Acta Arithmetica, vol. 7, no 3,‎ , p. 299-309 (lire en ligne).
  18. W. Sierpiński, « Démonstration élémentaire du théorème de M. Borel sur les nombres absolument normaux et détermination effective d'un tel nombre », Bull. Soc. Math. France, vol. 45, 1917, p. 125-132 [lire en ligne] ;
    H. Lebesgue, « Sur certaines démonstrations d'existence », même vol. (mais écrit en 1909), p. 132-144 [lire en ligne].
  19. (en) Verónica Becher et Santiago Figueira, « An example of a computable absolutely normal number », Theoret. Comput. Sci., vol. 270, 2002, p. 947-958.
  20. (en) David H. Bailey et Richard Crandall, « On the Random Character of Fundamental Constant Expansions », Exp. Math., vol. 10,‎ , p. 175-190 (lire en ligne).
  21. (en) Davar Khoshnevisan, « Normal Numbers are Normal », CMI Annual Report,‎ , p. 15, 27-31 (lire en ligne).
  22. Jack H.Lutz et Elvira Mayordomo, « Computing absolutely normal numbers in nearly linear time », Information and Computation, vol. 281,‎ , article no 104746 (DOI 10.1016/j.ic.2021.104746).
  23. a et b Verónica Becher et Pablo Ariel Heiber, « Normal numbers and finite automata », Theoretical Computer Science, vol. 477,‎ , p. 109–116 (DOI 10.1016/j.tcs.2013.01.019)
  24. (ru) V. N. Agafonov, « Normal sequences and finite automata », Problemy Kibernetiky, no 20,‎ , p. 123-129 (MR 0286576).
  25. (en) V .N. Agafonov, « Normal sequences and finite automata », Soviet Mathematics Doklady, vol. 9,‎ , p. 324-325 (zbMATH 0242.94040) — (traduction de Dokl. Akad. Nauk SSSR, vol. 179, p. 255-256) .
  26. (en) Mary G. O'Connor, « An unpredictability approach to finite-state randomness », J. Comput. System Sci., vol. 37, no 3,‎ , p. 324-336 (MR 0975448).
  27. (en) Annie Broglio et Pierre Liardet, « Predictions with automata », Contemporary Mathematics, vol. 135,‎ , p. 111-124 (MR 1185084).

Bibliographie

  • (en) L. Kuipers et H. Niederreiter, Uniform Distribution of Sequences, Dover, (1re éd. 1974) (lire en ligne),  Chapitre 1, § 8: « Normal numbers », p. 69-77
  • (en) Ivan Niven, Irrational Numbers, MAA, coll. « The Carus Mathematical Monographs » (no 11), (lire en ligne),  Chapitre 8: « Normal numbers », p. 94-116
  • (en) G. H. Hardy et E. M. Wright, An Introduction to the Theory of Numbers (1re éd. 1938) [détail des éditions], § 9.12 et 9.13
v · m
Notion de nombre
Ensembles usuels
Mathématiques
Extensions
Propriétés particulières
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