Nombre carré triangulaire

En mathématiques, un nombre triangulaire carré est un nombre triangulaire qui est de plus carré. Il y a une infinité de tels nombres[1].

Ils s'écrivent sous la forme[2]

N k = ( ( 1 + 2 ) 2 k ( 1 2 ) 2 k ) 2 32 = ( ( 3 + 2 2 ) k ( 3 2 2 ) k ) 2 32 , k N . {\displaystyle N_{k}={\frac {\left(\left(1+{\sqrt {2}}\right)^{2k}-\left(1-{\sqrt {2}}\right)^{2k}\right)^{2}}{32}}={\frac {\left(\left(3+2{\sqrt {2}}\right)^{k}-\left(3-2{\sqrt {2}}\right)^{k}\right)^{2}}{32}},\quad k\in \mathbb {N} ^{*}.}

Par exemple, N 2 = 36 = 6 2 = 8 × 9 2 {\displaystyle N_{2}=36=6^{2}={\frac {8\times 9}{2}}} .

La suite ( N k ) {\displaystyle (N_{k})} est répertoriée comme suite A001110 de l'OEIS, et si l'on pose N k = t k ( t k + 1 ) 2 = s k 2 {\displaystyle N_{k}={\frac {t_{k}(t_{k}+1)}{2}}=s_{k}^{2}} , les suites ( t k ) {\displaystyle (t_{k})} et ( s k ) {\displaystyle (s_{k})} sont respectivement répertoriées comme suite A001108 de l'OEIS et comme suite A001109 de l'OEIS.

Démonstration

Le problème se ramène à la résolution d'une équation diophantienne de la manière suivante[2],[3],[4].

Tout nombre triangulaire est de la forme t(t + 1)/2. On recherche donc les entiers t et s tels que t(t + 1)/2 = s2, c'est-à-dire, en posant x = 2t + 1 et y = 2s, les solutions de l'équation de Pell-Fermat

x 2 2 y 2 = 1. {\displaystyle x^{2}-2y^{2}=1.}

Les solutions sont données par

x k + y k 2 = ( 1 + 2 ) 2 k , {\displaystyle x_{k}+y_{k}{\sqrt {2}}=(1+{\sqrt {2}})^{2k},}

soit

x k = ( 1 + 2 ) 2 k + ( 1 2 ) 2 k 2 e t y k = ( 1 + 2 ) 2 k ( 1 2 ) 2 k 2 2 . {\displaystyle x_{k}={\frac {(1+{\sqrt {2}})^{2k}+(1-{\sqrt {2}})^{2k}}{2}}\quad {\rm {et}}\quad y_{k}={\frac {(1+{\sqrt {2}})^{2k}-(1-{\sqrt {2}})^{2k}}{2{\sqrt {2}}}}.}

On trouve donc

t k = ( 1 + 2 ) 2 k + ( 1 2 ) 2 k 2 4 e t s k = ( 1 + 2 ) 2 k ( 1 2 ) 2 k 4 2 , {\displaystyle t_{k}={\frac {(1+{\sqrt {2}})^{2k}+(1-{\sqrt {2}})^{2k}-2}{4}}\quad {\rm {et}}\quad s_{k}={\frac {(1+{\sqrt {2}})^{2k}-(1-{\sqrt {2}})^{2k}}{4{\sqrt {2}}}},}

d'où la valeur annoncée pour Nk = sk2.

Valeurs numériques

k Nk sk tk tk/sk
1 1 1 1 1
2 36 6 8 1,3…
3 1 225 35 49 1,4
4 41 616 204 288 1,411…
5 1 413 721 1 189 1 681 1,413…
6 48 024 900 6 930 9 800 1,4141…
7 1 631 432 881 40 391 57 121 1,41420…
8 55 420 693 056 235 416 332 928 1,414211…
9 1 882 672 131 025 1 372 105 1 940 449 1,4142132…

Propriétés

  • Lorsque k {\displaystyle k} tend vers l'infini, le rapport

t k s k = x k 1 y k x k y k {\displaystyle {\frac {t_{k}}{s_{k}}}={\frac {x_{k}-1}{y_{k}}}\sim {\frac {x_{k}}{y_{k}}}}

tend vers la racine carrée de deux et

N k + 1 N k = s k + 1 2 s k 2 ( 1 + 2 ) 4 . {\displaystyle {N_{k+1} \over {N_{k}}}={s_{k+1}^{2} \over s_{k}^{2}}\to (1+{\sqrt {2}})^{4}.}

  • Les suites ( t k + 1 / 2 ) {\displaystyle (t_{k}+1/2)} et ( s k ) {\displaystyle (s_{k})} vérifient la relation de récurrence linéaire double : u k + 2 = 6 u k + 1 u k {\displaystyle u_{k+2}=6u_{k+1}-u_{k}} .

Équations diophantiennes apparentées

Nombres triangulaires égaux au double d'un nombre triangulaire

L'équation diophantienne s'écrit : (2) p ( p + 1 ) 2 = q ( q + 1 ) {\displaystyle {\frac {p(p+1)}{2}}=q(q+1)} .

En posant { p = 2 s t 1 q = t s {\displaystyle {\begin{cases}p=2s-t-1\\q=t-s\end{cases}}} , on retombe sur l'équation (1) t ( t + 1 ) 2 = s 2 {\displaystyle {\frac {t(t+1)}{2}}=s^{2}} .

Les solutions de (2) sont donc données par { p k = 2 s k t k 1 = ( 2 + 1 ) 2 k 1 ( 2 1 ) 2 k 1 2 4 q k = t k s k = ( 2 + 1 ) 2 k 1 + ( 2 1 ) 2 k 1 2 2 4 2 {\displaystyle {\begin{cases}p_{k}=2s_{k}-t_{k}-1={\frac {({\sqrt {2}}+1)^{2k-1}-({\sqrt {2}}-1)^{2k-1}-2}{4}}\\q_{k}=t_{k}-s_{k}={\frac {({\sqrt {2}}+1)^{2k-1}+({\sqrt {2}}-1)^{2k-1}-2{\sqrt {2}}}{4{\sqrt {2}}}}\end{cases}}} .

La suite ( p k ) {\displaystyle (p_{k})} débute par : 0, 3, 20, 119, 696, 4059, 23660, 137903, 803760, 4684659 ; suite A001652 de l'OEIS.

La suite ( q k ) {\displaystyle (q_{k})} débute par : 0, 2, 14, 84, 492, 2870, 16730, 97512, 568344, 3312554 ; suite A053141 de l'OEIS.

L'équation (2) possède une jolie interprétation concrète : il s'agit de déterminer dans quels cas une formation triangulaire d'oiseaux migrateurs peut se séparer en deux formations triangulaires identiques[3].

Nombres carrés centrés qui sont aussi des carrés

Il s'agit de l'équation (3) ( n 1 ) 2 + n 2 = m 2 {\displaystyle (n-1)^{2}+n^{2}=m^{2}} . Comme m {\displaystyle m} est forcément impair, on peut poser m = 2 q + 1 {\displaystyle m=2q+1} et l'équation (3) s'écrit alors n ( n 1 ) = 2 q ( q + 1 ) {\displaystyle n(n-1)=2q(q+1)} , ce qui redonne l'équation (2) en posant n = p + 1 {\displaystyle n=p+1} .

Les solutions de (3) sont donc données par { n k = p k + 1 = ( 2 + 1 ) 2 k 1 ( 2 1 ) 2 k 1 + 2 4 m k = 2 q k + 1 = ( 2 + 1 ) 2 k 1 + ( 2 1 ) 2 k 1 2 2 {\displaystyle {\begin{cases}n_{k}=p_{k}+1={\frac {({\sqrt {2}}+1)^{2k-1}-({\sqrt {2}}-1)^{2k-1}+2}{4}}\\m_{k}=2q_{k}+1={\frac {({\sqrt {2}}+1)^{2k-1}+({\sqrt {2}}-1)^{2k-1}}{2{\sqrt {2}}}}\end{cases}}} .

La suite ( m k ) {\displaystyle (m_{k})} débute par : 1, 5, 29, 169, 985, 5741, 33461, 195025, 1136689, 6625109 ; suite A001653 de l'OEIS.

Remarquons que résoudre l'équation (3) revient à rechercher les triplets pythagoriciens dont les deux premiers termes sont consécutifs.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Triangular square number » (voir la liste des auteurs)

, renommé « Square triangular number » en août 2005.

  1. Emile Fourrey, Récréations mathématiques, Vuibert, (lire en ligne), p. 63
  2. a et b (en) Eric W. Weisstein, « Square Triangular Number », sur MathWorld.
  3. a et b Mercedes Haiech, « Oies sauvages et nombres triangulaires », Quadrature, no 127,‎ janvier, février, mars 2023, p. 9-11 (lire en ligne Accès payant)
  4. Claude Morin, « Nombres triangulaires, équations t_m = n^2 et t_p = 2t_q », Quadrature, no 131,‎ janvier-février-mars 2024, p. 39-40 (lire en ligne Accès payant)
v · m
Bidimensionnel
Polygonal non centré
Polygonal centré
Tridimensionnel
Polyédrique non centré
Polyédrique centré
Pyramidal
Quadridimensionnel
Polytopique non centré
Polytopique centré
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